Ce qui suit est une représentation synthétique et systématique des étapes évolutives de la conscience. Elle n’intéressera, de ce fait, que les lecteurs sensibles à une certaine abstraction. Ceux qui, à bon droit, préfèrent une exposition plus imagée et proche du génie de l’enfance, pourront aller directement ici.

Les stades de développement individuels et collectifs se déploient de façon dynamique au sein de champs évolutifs qui se succèdent en émergeant les uns des autres, et que nous pouvons désigner comme

le champ concret,

le champ subtil

et le champ non-duel.

Chacun de ces champs est un espace de croissance dans lequel nous apprenons à intégrer un nouveau type de rapport entre ce qui est « moi » et ce qui est « non moi ». Cela s’effectue par un mouvement d’intégration dialectique entre le pôle subjectif et le pôle objectif de la conscience.

Par exemple, dans le champ subtil :

Le stade moderne est centré sur la polarité de l’objectivité rationnelle et de l’extériorité.

Le stade postmoderne est centré sur la polarité de la subjectivité relationnelle et de l’intériorité.

Au stade intégral, les deux pôles de la relation sujet-objet (ou intérieur-extérieur) sont perçus comme co-émergents. Cela permet de voir simultanément le sujet en tant qu'objet (par exemple : quelles sont mes propres déterminations psychologiques), et l'objet en tant que sujet (par exemple : autrui en tant que personne irréductible à toute objectivation; ou bien encore les animaux comme sujets en droit). Le monde objectif et extérieur devient finalement le miroir indissociable du monde subjectif et intérieur, au lieu d’en être simplement la polarité opposée.

Dans la représentation d'ensemble qui suit, les stades de la colonne de gauche sont centrés dans le pôle objectif; ceux de la colonne de droite dans le pôle subjectif, et ceux de l'axe central opèrent une intégration dialectique entre ces deux pôles.

Parcourez l'image

Nous pouvons donc voir les trois champs comme des espaces de maturation successifs, qui sont le terrain d'émergence et d'intégration de dualités existentielles de plus en plus subtiles et de plus en plus inclusives :

la dualité entre soi et les autres (dans le champ concret)

puis la dualité du sujet connaissant et de l'objet connu (dans le champ subtil)

et enfin la dualité du transcendant et de l'immanent (dans le champ nonduel).

Ces trois champs sont respectivement polarisés sur :

l'avoir

le devenir

et l'être.

Chaque champ est comme une matrice, un espace de gestation, qui nous accouche :

au monde social,

puis existentiel,

et enfin à notre nature essentielle et universelle.

De sorte que ces champs nous conduisent à nous percevoir nous-même (c'est-à-dire l'égo) :

d'abord en tant qu'entité

puis en tant que processus en transformation

et enfin en tant que pure conscience.

Et puisque finalement nous connaissons les choses et les autres selon le mode par lequel nous nous connaissons nous-même, ces champs peuvent également être vus comme des modes de connaissance, par lesquels nous voyons le monde :

d'abord en tant qu'objets concrets, denses et isolés

puis en tant qu'objets subtils, flux de sensations, perceptions et pensées

et enfin en tant que conscience, ou présence se connaissant elle-même.

Donc tout change, selon ce que nous avons conscience d'être.

Les grandes crises existentielles de nos vies sont des moments-charnière dans lesquels les transitions entre ces différents champs évolutifs peuvent - ou pas - se jouer :

transition entre le champ concret et le champ subtil, à partir de la crise d'adolescence

transition entre le champ subtil et le champ non-duel, à partir de la crise de la quarantaine ou de la cinquantaine, dont l'importance est généralement sous-estimée

Pour abstraits que puissent sembler ces propos, il ne s'agit pas ici d'abord de philosophie, mais avant tout d'expérience vivante (que l'Expérience Évolutive décrit, et nous invite à éprouver au travers des exercices expérienciels).

Les champs évolutifs

Parcourez l'image

Le philosophe anglais Douglas Harding distinguait 4 grandes étapes de maturation dans l’existence, qui correspondent tout à fait aux champs évolutifs décrits ci-dessus :

La première étape qui est celle du nouveau-né est selon lui ouverture transparente et simple sur le monde.

Y succède l’étape de l’enfant, se percevant lui-même en tant que 2e personne du singulier (puisque devenu conscient de la façon dont il est perçu par l’autre), mais ayant néanmoins conservé du bébé la capacité d’être ouverture illimitée au monde : « viens jouer, dira-t-il par exemple, nous pourrons être tout ce que nous voudrons ».

A l’étape adulte, enfermés dans nos identifications, nos représentations et notre corps, nous ne nous voyons plus nous-mêmes que comme les autres ou comme la culture nous voient. C’est-à-dire à la 2e ou à la 3e personne du singulier.

La quatrième étape est enfin celle du voyant, qui nous réintroduit dans l’immédiateté d’une présence au monde à la 1re personne du singulier présent, mais cette fois-ci devenue consciente d’elle-même, ouverte, non-locale, libre de toute image, et totalement inclusive.

La video suivante, réalisée par Richard Lang et reprise par le site de José Le Roy, l’illustre très simplement :